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Langage

Définition de « Langage »

Langage (nom commun)

  1. Système de signes qui permet l’expression ou la communication.
    • Il existe de nombreux langages.
  2. (Singulier) Faculté de constituer ou d’utiliser un tel système.
    • L’être humain possède le langage.

Comprendre la notion de ‘langage »

Prise de vue

Le langage n’est pas la langue. Les deux termes sont parfois synonymes, mais pas équivalents. Toute langue est un langage, mais l’inverse n’est pas vrai. Il y a une dimension communautaire et pragmatique dans la langue. Le langage lui n’en a pas forcément.

La notion est fondamentale. La philosophie pense avec des mots. Réfléchir sur le langage, c’est s’interroger sur le support même de nos pensées. En Grèce antique, un seul terme désignait à la fois la pensée et le langage : logos. Le concept est impossible à éviter. Toutes les grandes philosophies se sont arrêtées sur la notion.

On insiste souvent sur la pluralité des disciplines qui étudient le langage :

  • Théorie de la communication
  • Sciences cognitives
  • Psychologie
  • Linguistique
  • Sociologie
  • …et bien d’autres

À ce titre la spécificité de l’approche philosophique est à questionner. Quelle est la pertinence, l’apport unique de  la philosophie face à toutes ces perspectives ?

Un système de signes

Tout système de signes n’est pas un langage. Un langage permet l’expression et la communication. C’est un système de signes génératif. À partir d’un nombre limité de signes simples on peut générer un nombre infini de signes complexes. Avec les 26 lettres de l’alphabet (signes simples), on peut créer en permanence des nouveaux mots (signes complexes).

La « matérialité » du signe est totalement contingente. Un langage peut utiliser des signes vocaux, écrits, des gestes ou encore autre chose. Il n’y a pas à restreindre le langage aux signes « vocaux et écrits ». Beaucoup de dictionnaires le font. Ils ont tort. Le « langage des signes » est un langage. Et pourtant ses signes ne sont ni vocaux ni écrits.

De même, la nature du locuteur est sans importance. Un singe peut utiliser le langage. Ça reste un langage. On insiste souvent sur le langage comme phénomène humain. Il faut bien comprendre : la faculté de créer un langage est peut être propre à l’humain. Utiliser le langage n’est pas le propre de l’humain.

Enfin, l’origine du langage n’influe pas sur sa nature. Un langage peut être « naturel », comme le français. Il peut être « artificiel », comme les langages logiques, l’elfique ou l’espéranto.

On distingue plusieurs composants dans un langage :

  • Un lexique (des mots)
  • Une grammaire (des règles de formations des expressions signifiantes)
  • Une sémantique (des règles d’interprétation du lexique)

On a des unités de base (être sur, chat, tapis, le) : c’est le lexique. On a ensuite des règles pour former des expressions ayant un sens. « tapis chat le le » n’a pas de sens. Mais « le chat est sur le tapis » en a un. C’est la grammaire qui permet de construire des formules sensées. Enfin, la sémantique permet d’interpréter le lexique. C’est elle qui relie le chat et le mot « chat », le tapis réel et le mot « tapis ».

Une faculté

Il convient de séparer le langage comme système et comme faculté. Comme système, le langage est un ensemble de signes et de règles. Comme faculté, il est un pouvoir, une capacité qu’on certains êtres. Les humains sont capables de produire des systèmes de signes. Et on appelle « langage » à la fois la capacité elle-même et le produit de cette capacité. Les deux sens doivent être distingués.

La faculté linguistique est dite naturelle chez l’humain. On parle parfois d’un « instinct » linguistique. Cette affirmation est à bien comprendre. Les systèmes de signes sont construits. Ils sont en partie artificiels. Et leur apprentissage est progressif. Ils ne sont pas innés. Toutefois on juge « naturelle » l’aptitude à apprendre, utiliser et créer de tels systèmes.

Le lien pensée et langage est là encore important. Certains dictionnaires font du langage la capacité d’exprimer des pensées. Le fait de posséder le langage serait marque d’autres compétences, comme la pensée. Admettre que les animaux dispose du langage est alors lourd de conséquences.


Sources utilisées

  • Langage, fiche personelle (PDF, 53 ko)
  • Langage, Dictionnaire de philosophie, Noëlla Baraquin, Armand-Colin, 2007
  • Langage, Dictionnaire de philosophie, Christian Godin, Fayard, 2004
  • Langage, Dictionnaire des concepts philosophiques, Michel Blay, Larousse-CNRS, 2007
  • Langage, Lexique de philosophie, Olivier Dekens, Ellipses, 2002
  • Langage, Nouveau vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Louis-Marie Morfaux, Jean Lefranc, Armand-Colin, 2005
  • Langage, Philosophie de A à Z, Collectif, Hatier, 2000
  • Le langage, Pascal Ludwig, paris, GF Corpus, 1999

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