Définition de « Correspondantisme »
Correspondantisme (nom commun)
- Théorie de la vérité selon laquelle que la vérité d’un élément consiste dans sa correspondance ou adéquation avec le réel.
Remarque
Le correspondantisme est la conception la plus proche des conceptions courantes (extra-philosophiques) de la vérité. La définition traditionnelle de la vérité elle-même est marquée par un correspondantisme latent, voire assumé.
Qu’est-ce que le « correspondantisme » ?
Une conception classique, mais contestée
Le correspondantisme est une conception très ancrée dans le sens commun. Lorsqu’on dit qu’une chose est vraie, on veut dire qu’elle renvoie bien au réel, qu’il y a quelque chose dans le réel qui lui « correspond ». Si le chat est vraiment sur le tapis, ma phrase « Le chat sur le tapis » sera vraie. S’il n’y a pas de chat, pas de tapis, ou que le chat est ailleurs, ma phrase sera fausse. On conçoit d’un coté le réel, de l’autre le discours. Les deux devraient « correspondre » pour qu’on dise que mon discours est vrai.
Mais le correspondantisme n’est pas forcément lié au discours. Selon certaines théories, ce qui doit correspondre, c’est la pensée, ou les idées, ou encore les propositions (par opposition aux phrases). On peut imaginer plusieurs catégories de choses qui devraient « correspondre » au réel. On les désignera ici comme « vériporteurs » : ce sont des entités qui « portent » la vérité, qui peuvent être vrais ou non. Selon les vériporteurs choisis, le correspondantisme est plus ou moins convainquant. Les jugements et les propositions sont bien placés pour correspondre au réel : les idées, pensées ou phrases sont plus problématiques.
Plusieurs théories ont attaqué les correspondantismes sur la base des vériporteurs choisis. D’autres se sont plutôt intéressées au réel auquel on doit correspondre. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les correspondantismes ont souvent insisté sur la notion de fait. Les vériporteurs correspondent à des faits. Or le concept de fait est sujet à caution. Un « fait » est une entité abstraite. Il n’est pas facile de délimiter nettement un fait, de compter des faits. Combien y-a-t-il de faits devant vous ? Un ? Deux ? 25649 ?
Dernier problème, le correspondantisme doit expliciter le fonctionnement de la « correspondance » avec le réel. Cette relation n’est pas aisée à déterminer, et sa présentation dépend lourdement du choix opérés par une théorie donnée. Si on admet les « propositions » comme vériporteurs, il faudra penser la correspondance différemment que si l’on prend les « idées ». Si l’on pense que les « faits » rendent vrais les vériporteurs, la situation ne sera pas la même que si on rejette la notion de fait.
Aujourd’hui, le correspondantisme a littéralement été abandonné. Il existe toutefois des conceptions qui s’en inspirent et prolonge son héritage. Toutefois ces théories n’utilisent plus l’idée de correspondance, ni celle de fait.
Sources utilisées
- Vérité, Dictionnaire de philosophie, Noëlla Baraquin, Armand-Colin, 2007
- Vérité, Dictionnaire de philosophie, Christian Godin, Fayard, 2004
- Vérité, Dictionnaire des concepts philosophiques, Michel Blay, Larousse-CNRS, 2007
- Vérité, Lexique de philosophie, Olivier Dekens, Ellipses, 2002
- Vérité, Nouveau vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Louis-Marie Morfaux, Jean Lefranc, Armand-Colin, 2005
- Vérité, Philosophie de A à Z, Collectif, Hatier, 2000