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République

Définition de « République »

République (nom commun)

  1. État régit par des lois. Synonyme : État de droit, ou simplement État.
    • « République » correspond au grec « politeía« .
  2. Régime politique quin’est ni monarchique ni impérial.
    • Venise fut longtemps une république.
  3. Régime politique où le peuple exerce la souveraineté. Synonyme de démocratie.
    • La république n’est qu’un autre nom de la démocratie.
  4. (Philosophie politique) État qui promeut des valeurs substantielles, par opposition à l’État libéral.
    • L’État libéral se veut neutre, la République, elle, porte des valeurs.
  • Démocratie
  • Libéralisme

Du latin res publica, chose publique.

En France, le mot « République » a été réinvesti par des courants politiques qui l’utilisent au mépris de son sens initial. Ces usages politiques font polémique et sont à séparer strictement des usages philosophique du terme.


Comprendre la notion de « république »

Sens 1 : un État

Une république est simplement un État. Le mot « république » connote l’importance de la loi, mais est globalement synonyme d’État.

Une république peut être aristocratique, monarchique, ou démocratique. Le type de gouvernement n’influe pas sur le statut de république. Une république ayant un gouvernement démocratique est une république. Une république ayant un gouvernement oligarchique est aussi une république. Ici, la république n’est pas un régime politique : elle désigne un statut en amont des régimes politiques particuliers.

Sens 2 : un régime politique

On dit aussi « république » un régime politique qui n’est ni monarchique ni impérial. C’est en ce sens que la Rome antique ou Venise ont pu être des républiques. L’appellation « république » présage alors partiellement du type de gouvernement. Il ne peut pas être monarchique (par définition), mais peut être aussi bien aristocratique que démocratique.

Contre la tradition, Machiavel divise les régimes politiques en principautés ou républiques.

Sens 3 : une démocratie

En un sens plus récent, la république est un régime politique où le peuple est souverain. « République » est alors synonyme de « démocratie ». Le statut de république ne dit toutefois rien sur la modalité d’exercice de la souveraineté. La souveraineté peut être exercée indirectement, via des représentants, ou de façon directe. Les représentants peuvent être élus, tirés au sort, ou choisis différemment. « République » ne signifie jamais « démocratie libérale avec des élections ».

En France, le République de « république » est très fortement connoté. Les hommes et femmes politiques invoquent souvent la république, les principes « républicains », les valeurs de la républiques, etc. On renvoie alors confusément à la démocratie libérale contemporaine ou à l’état de droit. La mauvaise presse du libéralisme explique en partie cet usage.

Un homme ou une femme politique qui défendrait la démocratie « libérale » serait immédiatement mal compris, si ce n’est discrédité. Bien sûr, la France reste une démocratie libérale où le libéralisme politique infuse de toute part. Mais il ne faut pas le dire. Surtout aux français. Ils auraient peur.

Sens 4 : un État qui défend des valeurs

En philosophie politique contemporaine, une république est un État qui promeut activement des valeurs. Cette acception s’intègre dans l’opposition communautarisme / libéralisme ; et la « république » s’oppose alors à l’État libéral.

Un État libéral se prétend neutre à l’égard des valeurs. Son objectif est de poser un cadre général pour que tous puissent vivre ensemble (en gros). Il ne s’agit jamais de se prononcer en faveur de telle ou telle valeur particulière. Chaque individu peut accepter les valeurs qui lui plaisent. L’État n’a pas à favoriser ou discriminer telle ou telle valeur. Les valeurs sont une affaire individuelle, l’État est hors débat sur les valeurs. Il peut réguler certaines pratiques, mais pas au nom d’une valeur positive.

À l’inverse, une république est un État qui assume une conception substantielle du bien, même minimale. Cette conception (ensemble de valeurs) est considérée comme fondation de la vie communautaire. C’est le discours sur les valeurs « ciment » de la société, celles qui unissent le corps social. Dans ce contexte, il faut accepter certaines valeurs pour participer à la vie communautaire. Si vous refusez ces valeurs, l’État peut légitimement vous contraindre.

Quand un État discrimine les fumeurs au nom de la sécurité des non-fumeurs, il reste dans une posture libérale. Il souhaite interdire de fumer, dans certains lieux, parce que cela représente un danger pour ceux qui choisissent de ne pas fumer. Il est neutre envers les valeurs, il s’occupe uniquement de la coexistence pacifique entre individus.

Quand un État décide de s’en prendre aux fumeurs parce que fumer est nuisible à la personne qui fume, il opte pour un comportement républicain. Il accepte une conception selon laquelle fumer est mal, et où on peut légitimement s’en prendre aux fumeurs. L’État se positionne lui-même par rapport au choix de fumer : il ne reste pas neutre, et s’autorise à agir pour ou contre ce choix.

Dans le cas précédent, l’État n’est d’ailleurs pas simplement « républicain » : il est paternaliste. Il agit contre les décisions des individus au nom de l’intérêt de ces individus. Il interdit des actions que les gens souhaitent faire au nom de la protection des gens eux-mêmes.


Sources utilisées

  • Les théories de la république, Serge Audier, Paris, La découverte, 2004
  • République, Dictionnaire de philosophie, Noëlla Baraquin, Armand-Colin, 2007
  • République, Dictionnaire de philosophie, Christian Godin, Fayard, 2004
  • République, Dictionnaire des concepts philosophiques, Michel Blay, Larousse-CNRS, 2007
  • République, Lexique de philosophie, Olivier Dekens, Ellipses, 2002
  • République, Nouveau vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Louis-Marie Morfaux, Jean Lefranc, Armand-Colin, 2005
  • République, Philosophie de A à Z, Collectif, Hatier, 2000

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