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Oui, il y a une méthode en philo !

« En philo, y’a pas de méthode ». « La note, ça dépend des profs, tu peux jamais savoir ». Qui n’a jamais entendu ce genre de clichés ? Cet article explique pourquoi ils sont faux et pourquoi, oui, il y a bien une méthode en philo. Et il rappelle en quoi elle consiste.

Des piles de copies.
Photo par Quinn Dombrowski via Flickr (CC-BY-SA 2.0).

Pas facile de prévoir sa note de philo. On ne comprend pas toujours pourquoi on a eu 4 plutôt que 7, ou 10 plutôt que 14. Certains et certaines en concluent qu’il n’y a pas de méthode et que l’évaluation « dépend du prof ». C’est très largement faux.

En réalité, il y a une méthode en philosophie. Une méthode objective, qui est globalement la même chez presque tous les profs, et sur laquelle vous êtes évalués. Parce qu’en philosophie, la connaissance de la méthode compte pour une bonne part de la note.

Alors, pourquoi il y a une méthode ? Deux raisons. D’abord les profs eux-mêmes ont besoin d’une méthode, pour simplifier leur travail. Ensuite, parce que sans méthode, les notes seraient encore plus imprévisibles.

Les profs ont besoin d’une méthode

La méthode est un outil. C’est un ensemble de règles qui permettent aux profs d’évaluer une copie et d’être globalement d’accord sur sa note. C’est une grille d’évaluation pour noter, comparer à d’autres copies, et discuter d’une note entre collègues.

Ça vaut pour toutes les matières et la philo ne fait pas exception. La méthode, c’est un guide, une procédure à suivre pour arriver à un résultat. Si on la suit le résultat est une dissertation ou une explication de texte. Si on ne la suit pas, le résultat est une mauvaise note.

La méthode est le truc qui sert à dire « OK, l’élève a bien fait ce qu’on attendait de lui, et je peux vous expliquer pourquoi ». Pour les profs, c’est plus simple d’avoir une méthode que de noter au hasard. Enfin, s’ils veulent pouvoir justifier des notes qu’ils donnent auprès des inspecteurs et inspectrices.

Sans méthode, la note est imprévisible

Si on a eu 4 toute l’année, on n’aura pas 18 au Bac. On ne devient pas un génie de la philo comme ça, juste parce qu’on est noté par quelqu’un d’autre. Inversement, quand on est bon en philo, on ne se ramasse pas un 2 en fin d’année alors qu’avant on avait 16.

Mais s’il n’y a pas de méthode, ça devrait être possible. Après tout, la note, c’est que de la chance et du hasard, hein ? Et si on donne la même copie à deux profs, y’en a un (ou une) qui peut lui mettre 6 et l’autre 18. Sauf que non. Ça se passe pas comme ça.

La note qu’on obtient a un rapport avec ce qu’on a mis dans sa copie. Elle n’est pas complètement imprévisible. Un même devoir aura la plupart du temps la même note avec des profs différents (à quelques points près). La correction c’est variable, pas magique.

Et les désaccords sur la méthode ?

Les désaccords sur certains points de méthode n’impliquent pas l’absence de méthode. Oui, tous les profs ne sont pas d’accord sur l’utilité de faire une accroche, une ouverture, ou même d’annoncer son plan. Il y a des aspects qui font débat ou suscitent des tensions.

Il y a aussi des préférences. Certains profs valorisent les connaissances, ce qui montre qu’on a travaillé les auteurs et autrices. D’autres sont plus orientés argumentation : si les arguments sont bons peu importe qu’il n’y ait presque pas de référence philosophique.

Les profs sont des humains : ils et elles ont des désaccords, des préférences, voire des biais. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de méthode. C’est même d’autant plus nécessaire, pour qu’ils puissent travailler ensemble.

Aucun prof n’a exactement la même méthode que ses collègues, avec exactement les mêmes astuces et la même façon de présenter les choses. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de méthode du tout. Ou que ces méthodes n’ont aucun rapport entre elles.

Les bases de la méthode en philo

Voir aussi : Texte ou dissert, c’est la même méthode.

Quel que soit le correcteur ou la correctrice, le cœur de la méthode reste le même. Que ce soit en dissertation ou en commentaire de texte, on doit identifier une problématique, faire un plan, et argumenter.

DissertationCommentaire
Trouver le problème dissimulé dans le sujetTrouver le problème auquel répond le texte
Construire un plan pour résoudre le problèmeExpliquer comment le texte résout le problème
Développer une argumentation qui progresseArgumenter la lecture qu’on propose du texte

En dissertation, on produit un texte argumentatif, et on doit en plus faire preuve d’une culture philosophique. L’important est d’utiliser les mots de la bonne façon, conformément à leurs définitions et de proposer une argumentation qui progresse tout au long de la copie.

En commentaire, on produit aussi un texte argumentatif (notre copie), mais il porte sur un autre texte argumentatif (celui de l’auteur ou l’autrice). On peut alors mettre en perspective la solution proposée à la problématique :

  • Quel est son intérêt, sa force ?
  • Quelles sont ses limites ?
  • Comment s’inscrit-elle dans son époque ?
  • Ou dans l’œuvre de la personne ?
  • Etc.

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