Définition de « Dieu »
Dieu (nom commun)
- (Sans majuscule) Être supérieur à l’humain et doté de pouvoirs surnaturels.
- Zeus est un dieu parmi d’autres.
- (Avec majuscule) Être transcendant et créateur de l’univers pensé par les religions monothéistes.
- Il n’y a qu’un seul Dieu.
Qu’est-ce qu’un « dieu » ?
Définition générale de dieu
Le mot « dieu » est à la fois un nom propre et un nom commun. Avec une majuscule, Dieu est un nom propre : il désigne l’être transcendant créateur de l’univers. Il n’y en a qu’un. C’est le dieu unique, on lui met une majuscule. Sans majuscule, dieu est un nom commun : c’est un type d’être supérieur à l’homme, plus puissant, et doté de pouvoirs surnaturels. Il peut y avoir autant de dieux qu’on en imagine.
Même si le dieu unique (Dieu) est culturellement très prégnant, il n’est qu’un exemple particulier de dieu. Dieu (nom propre) est un d’abord un dieu (nom commun). Le poids de l’histoire est toutefois important dans la notion. La graphie du mot « dieu » et la façon de l’utiliser sont source de connotations qu’il est impossible d’éviter. Parler de Dieu ou de dieu n’est pas la même chose.
Les conceptions des dieux divergent selon les lieux et les époques. Une même religion peut voir cohabiter en son sein des visions incompatibles de la divinité. Sans compter les différences inter-religieuses. Pourtant religion et dieu sont des concepts assez indépendants. Il y a des religions sans aucun dieu. Les monothéismes relient intimement Dieu et religion, mais ils ne sont qu’une option parmi d’autres.
Les dieux sont objet de croyances et de cultes. On « croit » dans les dieux : à la réalité de leur existence ou de leurs pouvoirs. On leur rend un culte : ils sont l’objet d’une vénération qui prend des formes variées.
Sens 1 : dieu
Au sens 1 vu plus haut, c’est la diversité des conceptions qui prime. Parler de » dieu » sans précision est peu informatif. Oui, un dieu est un être « supérieur ». Oui, il est doté de pouvoirs dits surnaturels. Mais encore ? Il faut immédiatement ajouter des distinctions.
Certains dieux sont uniques. Ils ont le monopole de l’appellation « dieu ». Tout autre entité sera un faux-dieu ou une superstition. Ce genre de dieu exclut de la divinité les autres entités. Il peut y avoir d’autres êtres surnaturels, dotés de pouvoirs divers, mais ils ne seront jamais des « dieux ». Cette conception s’oppose au polythéisme, où plusieurs dieux coexistent. Il y a alors plusieurs êtres qu’on nomme légitimement « dieux ».
Certains dieux sont anthropomorphes, ils manifeste des traits communs avec les hommes. Ce caractère est plus ou moins sensible selon les religions, mais il est présent chez tous les dieux personnels. Si Dieu est une personne, il est anthropomorphe. Un dieu sans corps physique mais qui présente les mêmes caractéristiques psychologiques ou mentales qu’un homme est anthropomorphe.
Certain dieux sont en continuité avec d’autres êtres surnaturels. Il y a une continuité entre les démons, les demi-dieux et les dieux dans certaines mythologies. À l’inverse, les monothéismes séparent souvent ontologiquement Dieu des autres créatures. Il peut y avoir des « anges », mais ils n’auront jamais un statut ontologique comparable à celui de Dieu.
On distinguera également des dieux :
- créateurs du monde / non créateurs
- transcendants / immanents
- personnels / impersonnels
- matériels / immatériels
- intervenant dans les affaires humaines / ou non
La connaissance de dieu
La discipline qui aborde les dieux en propre est la théologie. Toutefois la philosophie a beaucoup parlé des dieux, sans que sa légitimité à le faire soit toujours évidente. On peut vouloir laisser dieu aux religions et aux théologiens, tout en considérant la religion comme un sujet philosophique. En quoi le concept de dieu a-t-il sa place en philosophie n’est pas forcément une question creuse.
Des conceptions non religieuses de dieu existent. Les philosophes ont très souvent pensé dieu, et de façon originale. Les conceptions philosophiques s’écartent généralement à la fois du sens commun et des institutions religieuses. Nombre de philosophes ont été durement critiqués pour leurs théories sur les dieux. Quand ils n’ont pas été condamnés ou classés comme hérétiques.
Ce qui n’a pas empêché une interpénétration des visions philosophiques et religieuses de Dieu. Quantité d’auteurs sont à la fois philosophes et religieux : Anselme, Scot, Augustin, Thomas, etc. Au-delà des médiévaux, l’influence des théories sur Dieu se retrouveront encore chez des philosophes comme Kant ou Hegel.
En philosophie, le problématique classique porte sur la connaissance des dieux. Peut-on connaître les dieux ? Ou sommes nous condamnés à n’avoir sur eux que des croyances ? Le dieu est pensé séparé de l’homme, inaccessible immédiatement comme un objet physique. Il n’est donc pas évident qu’on puisse le connaître, puisqu’on ne le rencontre jamais à la façon d’un objet du monde. Est-il possible de connaître les dieux est donc une interrogation.
À supposer la connaissance possible, jusqu’où irait-elle ? Certains pensent qu’on peut connaître l’existence du dieu, mais rien de plus. D’autres affirment qu’on peut aussi connaître la nature, voire les propriétés du dieu. On peut aussi interroger la modalité de connaissance du dieu. Connaît-on dieu par la raison ? Le sentiment ? La révélation ? La grâce ?
Sens 2 : Dieu
Avec majuscule, la notion s’insère dans le cadre des religions monothéistes. Dieu est un être transcendant, unique, à qui on attribue d’avoir créé l’univers. Son essence est obtenue en maximisant tous les attributs positifs. Dieu est :
- omnipotent : il peut tout
- omniscient : il connaît tout
- éternel : il n’a ni début ni fin
- suprêmement bon
On le dit également parfait et infini. Un tel Dieu est souvent dépouillé de ses attributs anthropomorphiques, bien qu’ils restent latent.
Parler et écrire à propos de Dieu confronte à la connotation du mot. Sans majuscule, Dieu n’est plus le dieu unique pensé par les monothéistes. Avec majuscule, on semble reconnaître la pertinence de l’approche religieuse. D’autant que parler de « dieu » avec un petit d renvoie aux dieux du polythéisme, qui ne correspondent pas du tout à l’idée derrière « Dieu ».
Considérer « Dieu » comme un nom propre ne résout pas tout le problème. « Dieu »est plus un nom générique désignant toute une catégorie de dieux monothéistes qu’un authentique nom propre.
Dieu des philosophes
L’expression « Dieu des philosophes » marque la différence entre les conceptions religieuses de Dieu et celles proposées en philosophie. La formule est d’abord forgée par Pascal, mais sa fortune dépasse l’usage pascalien. Pascal oppose Dieu tel que pensé par la philosophie et la science, à un Dieu biblique révélé :
« Dieu d’Abraham […] nom des philosophes et des savants » Le Mémorial
Contre une approche rationaliste de Dieu qui le dépouille de son cadre de révélation, de ses attributs anthropomorphiques et en fait un principe abstrait, Pascal défend un dieu d’amour et de crainte issu de la révélation chrétienne. Il s’oppose à la prétention de connaître Dieu par la raison objective et détachée du sentiment. Pascal conçoit un dieu connu par le « cœur ». Dieu « senti » objet de foi:
« C’est le cœur qui sent dieu et non la raison. Voilà ce qu’est la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison » Pensées, 278 Br
L’expression réunit à la fois la critique d’une conception de Dieu (rationnelle, hors révélation) et d’un mode de connaissance rattaché à cette conception (connaissance rationnelle vs. foi).
L’expression a une fortune hors du strict contexte pascalien pour désigner la conception déiste des philosophes (Lumières). Plus généralement, elle cristallise l’idée que les philosophes ont historiquement eu une idée différente des dieux de celle du commun. La conception philosophique de dieu paraissant souvent en décalage avec d’autres, plus courantes (Aristote, théologie rationnelle, Kant, Marx, Freud…).
Preuve de l’existence de Dieu
Nombre d’arguments ont cherché à fonder rationnellement la croyance en l’existence de Dieu. On parle alors de « preuve de l’existence de Dieu », quoiqu’il en soit de leur réussite à appuyer cette croyance. Ces preuves peuvent passer par la déduction ou par les présentations de faits. Depuis Kant, on distingue habituellement :
- preuve ontologique
- preuve cosmologique
- preuve téléologique
La preuve ontologique part du concept de Dieu. L’analyse du concept de Dieu suffirait à prouver son existence, car il est dans la nature même de Dieu d’exister. Anselme a donné un argument célèbre de ce type en s’appuyant sur l’idée de grandeur (Proslogion, chapitre II). Descartes fait de même en utilisant l’idée de perfection (Méditation V). Depuis Kant, on considère généralement ce type d’argument comme fautif (CRP, AKIII 4016). Frege propose également une critique de l’argument dans les Fondements de l’arithmétique.
La preuve cosmologique part de l’existence du monde. Le monde existe, il lui faut donc une cause. On remonte ainsi à un Dieu comme cause première. La preuve téléologique voit une finalité dans la nature. Le monde porterait la trace d’un dessein qui doit être attribué à un être intelligent et personnel, et on remonte ainsi à un Dieu.
Sources utilisées
- Dieu, Dictionnaire de philosophie, Noëlla Baraquin, Armand-Colin, 2007
- Dieu, Dictionnaire de philosophie, Christian Godin, Fayard, 2004
- Dieu, Nouveau vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Louis-Marie Morfaux, Jean Lefranc, Armand-Colin, 2005
- Dieu, Philosophie de A à Z, Collectif, Hatier, 2000